Une des forces du VentureLab réside dans l’accompagnement de proximité par des « entrepreneurs en résidence », également appelés « coaches ».
Leur fréquentation est la principale source de l’augmentation de la GNIAC entrepreneuriale et leur travail est la raison principale de la fidélisation des étudiants à l’incubateur.
Après 2 ans d’existence, le VentureLab compte déjà une dizaine de coaches accompagnant en moyenne une dizaine de projets. Fort d’une remarquable expérience à leur actif d’au moins 10 ans en tant que fondateur ou repreneur d’entreprise, leur rôle est donc d’accompagner et de guider les jeunes entrepreneurs tout en partageant leur expérience et leur carnet d’adresses (bien rempli !).
Quels sont les secrets de l’efficacité de leur mission ? Quels en sont les enjeux et les difficultés ?
Cet article tente de répondre à ces questions sur base de l’expérience de deux années d’accompagnement de l’incubateur.
Comme le souligne Olivier Mallue, coach au sein du VentureLab, le but de la mission du coach est de « guider, ouvrir les yeux de l’entrepreneur, lui montrer les choix possibles dont ceux qu’il n’avait peut- être pas envisagés ».
Le coach agit comme un effet levier, un effet multiplicateur: son expérience permet aux jeunes d’objectiver ses choix et d’éviter les erreurs que le coach aurait rencontrées par ailleurs. Mais il est clair que le projet du jeune entrepreneur reste son projet.
EFFET LEVIER ? « Afin d’avoir un résultat à la fin du processus d’accompagnement, la motivation et la GNIAC d’entreprendre du jeune doivent être rendez-vous ! En effet, s’il n’y a rien au départ, multiplier zéro par n’importe quel nombre donne toujours zéro ! ».
Même si ces entrepreneurs en résidence sont expérimentés dans le domaine de l’entrepreneuriat, il n’en reste pas moins que le coaching est un nouveau métier pour eux.
« Quand le capitaine devient muse », une réelle adaptation comportementale est nécessaire : il ne s’agit plus de décider mais d’aider à la décision, plus de prévoir mais de stimuler la prévoyance.
Le VentureLab propose donc aux coaches des réunions mensuelles et une formation pour améliorer leur méthodologie et respecter une charte co-créée sur base de leur expérience.
La transmission de l’expérience
Pour pallier au manque d’expérience de l’étudiant-entrepreneur, l’accompagnement de proximité semble incontestablement être une plus-value du coaching. Après 2 ans d’expérience, les coaches pensent qu’une bonne transmission d’expérience nécessite :
1/ une motivation des deux parties,
2/ une disponibilité envers le jeune et
3/ une bonne connaissance du secteur.
Ces entrepreneurs en résidence passent en moyenne 2 à 3 jours par semaine au sein de l’incubateur permettant ainsi un accompagnement de qualité. Bien plus que des consultants, les coaches peuvent s’immerger complètement dans les projets qu’ils leur sont attribués.
Sur base des interviews, la transmission d’expérience donne lieu à un réel apprentissage entrepreneurial pour le jeune. L’enquête qualitative nous enseigne que les étudiants développent plusieurs compétences au cours de leur incubation :
1/ une méthodologie de travail et la structuration de projets ,
2/ la capacité à s’entourer,
3/ la prise de décision.
Certains projets peu matures (et parfois loufoques !) sont accueillis au VentureLab. Grâce à cet apprentissage, le jeune est en capacité de créer un réel potentiel économique à son idée de départ.
Partage du carnet d’adresses
Le coach est un généraliste. Aidé de son réseau et celui du VentureLab, il peut rediriger le jeune entrepreneur vers un autre coach plus spécialisé en la matière, vers un membre de l’équipe, ou encore vers un expert (avocat, comptable, etc.).
Tout au long du processus d’accompagnement, le coach met son carnet d’adresses à disposition des jeunes. Cette mise en contact leur permet d’être mis plus facilement en relation avec certaines personnes jugées importantes dans l’évolution de leur projet. Un jeune entrepreneur nous a d’ailleurs confié que : « Grâce à mon coach, j’ai pu contacter directement un directeur d’une grande entreprise. J’ai ainsi pu le rencontrer pour discuter de mon projet. Le directeur a directement vu notre possible complémentarité et est devenu par la suite partenaire de notre projet. Si je n’avais pas eu ce contact, peut-être que ce partenariat n’aurait jamais vu le jour … »
82% des jeunes entrepreneurs incubés au VentureLab pense que la relation de proximité avec son coach est le critère principal de satisfaction des services mis à disposition.
Il a aussi été démontré que leur « GNIAC d’entreprendre » est favorisée grâce aux coaches. Cette relation positive encourage le coach à s’investir de plus en plus dans le projet des étudiants.
Il est parfois difficile pour le coach de bien connaître la frontière : est-ce qu’il est judicieux d’accompagner l’étudiant à son premier rendez-vous commercial ? Est-ce qu’il est nécessaire de finaliser le plan financier de l’entrepreneur qui désespère face à cette tâche compliquée ? Le coach est souvent partagé entre sa mission de responsabilisation du jeune entrepreneur et l’envie partagée de voir le projet émerger.
La vigilance proposée aux coaches est dès lors de n’avancer avec l’étudiant que s’il y a apprentissage et autonomisation.
Participer à un rendez-vous commercial ? Oui, si celui-ci est débriefé et qu’il aide le jeune à capitaliser de l’expérience et des bonnes pratiques. Un étudiant-entrepreneur est accompagné par Luc Pire chez un curateur : « J’ai voulu racheter une faillite d’entreprise. Au vu de la démarche qui m’était totalement inconnue, mon coach a décidé de m’accompagner à ce rendez-vous. Nous avons ainsi pu identifier ensemble les différentes opportunités de ce rachat. Heureusement qu’il était là, sans quoi je n’aurais pas compris les tenants et aboutissant et aurais peut-être racheté un projet rempli de cadavres dans les tiroirs ! »
L’avis de l’expert
Selon Sabine Denis, coach humaniste expérimentée, le rôle de l’entrepreneur en résidence est un rôle multi-casquettes. Elle explique lors des formations aux entrepreneur en résidence du VentureLab que cette mission est dite « complexe ».
Les entrepreneurs doivent faire preuve des 7 qualités suivantes :
1/ Coach : il analyse la situation et pose les bonnes questions qui feront avancer le projet tout en laissant le jeune apporter les réponses à ces questions afin que son projet reste bien le sien et non celui du coach.
2/ Formateur : il donne des outils et transmet ses connaissances.
3/ Mentor : il pose des questions existentielles dans des domaines plus précis et renvoie le jeune vers un spécialiste dès qu’il en ressent le besoin.
4/ Consultant
5/ Mise en réseau : il n’hésite pas à mettre à disposition son carnet d’adresse.
6/ Coordinateur
7/ Médiateur / Facilitateur : il gère les relations entre les fondateurs du projet en cas de conflit.
Les entrepreneurs en résidence du VentureLab doivent avoir la compétence d’utiliser leurs différents rôles même s’ils ont plus d’affinités avec certains.
Face au projet, le coach reste indépendant afin de ne pas se prendre au jeu. Il pourrait prendre trop les choses en main ce qui empêcherait le jeune d’apprendre réellement le « métier d’entrepreneur ». Le VentureLab reste un cadre d’apprentissage où le but est d’autonomiser le jeune entrepreneur au maximum. Pour ce faire, le coach reste patient et transmet ses connaissances au jeune plutôt que de faire à sa place. Comme disait Confucius « Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson ».
Enfin, le coach est modélisant pour le jeune-entrepreneur. Son attitude est imitée au vu de sa relation de proximité avec les jeunes. Par exemple, si le coach arrive tous les jours en retard, le jeune pourrait croire que c’est normal d’arriver en retard à ses rendez-vous.