
Anglicisme réducteur !
Je suis extérieure au milieu des start-up. Donc, plutôt qu’un avis, c’est par des questions que je chercherai des réponses. Start-up : une appellation qu’on entend aujourd’hui à propos de tout et n’importe quoi. De quoi parle-t-on finalement ? Il semble nécessaire, pour être à la mode, d’appliquer cette étiquette au départ de tout projet. Les politiciens, les alloueurs de subsides en ont fait leur chouchou et il est actuellement difficile de se passer de cette appellation d’origine contrôlée pour cautionner une nouvelle idée. Les qualités intemporelles – créativité, persévérance, dynamisme, enthousiasme, courage – ont-elles besoin d’être emprisonnées sous un anglicisme réducteur ?
Charlotte Jacquet, Experte indépendante en communication culturelle et directrice de communication de Mars-Mons arts de la scène
Un cadre positif pour les idées innovantes
La start-up n’a selon moi pas de valeur ajoutée en soi, elle reste un outil. Mais si ces nouvelles idées créatives se mettent au service de l’intérêt général, prenant en compte les dimensions économiques, sociales et environnementales du développement de nos sociétés, alors oui, elles auront une vraie valeur ajoutée.
Nathalie Janne d’Othée, Chargée de plaidoyer Moyen-Orient et Afrique du Nord au CNCD-11.11.11
Oui aux nouvelles idées créatives au service de l’intérêt général
« Même si les start-up ne fournissent que partiellement la réponse aux besoins d’emplois, elles sont un outil d’avenir. Elles permettent à ceux qui s’y investissent de s’épanouir personnellement en développant leur créativité, leur sens critique, l’esprit d’initiative, la prise de responsabilités par rapport aux objectifs qu’ils se sont fixés. Dès lors, leurs projets se concrétisent grâce aux start-up qui fournissent un cadre positif pour l’émergence d’idées innovantes. »
Carole Pauquay, Institutrice préscolaire en pédagogie active
Pas une mode, mais un mode de fonctionnement
« Dans le monde de l’ingénierie industrielle, le mot start-up correspond à la mise en service de l’installation après une longue période d’étude et de construction. C’est un moment clé, moment pour lequel l’équipe projet doit être très bien préparée et pendant lequel elle doit se montrer très agile, tout en supportant une charge de travail conséquente. C’est un point de passage obligé de tout projet industriel ambitieux.
L’analogie est, je trouve, intéressante car cela colle assez bien avec la création d’un nouveau business, ce moment où l’entrepreneur, après avoir bossé dur sur son business plan, se lance dans son projet de création. Tout comme pour les projets industriels, il lui faudra une équipe soudée, préparée, travailleuse et très agile pour jeter les bases de ce grand et beau projet. C’est donc selon moi un passage obligé pour créer un nouveau business. J’ai la faiblesse de croire qu’il en a toujours été ainsi.
La start-up, n’est donc pas une mode, mais bien un mode de fonctionnement intemporel qui correspond le mieux aux besoins de la création de valeurs. Ce doute écarté, la question qui subsiste à mes yeux concerne plutôt l’accompagnement par des « organismes publics » de ces créations ainsi que les aides au financement. Faut-il oui ou non utiliser l’argent public pour tout type de création ou faut-il limiter ces aides à des projets qui peuvent amener une réelle plus-value sociétale ? Mais ceci est un autre débat. »
Pierre Mertens, Business Development Manager North America for CMI Environment Cockerill Maintenance Ingénierie.


Leur donner les moyens de leurs ambitions
L’arrivée de digital natives vers le commerce physique à travers des pop-up stores est de plus en plus fréquente. Ils y testent leur concept, l’adaptent, élargissent leur clientèle et aboutissent, parfois, à la création de points de vente plus durables. Cette tendance, à l’image du développement des start-up, se doit d’être favorisée par un écosystème adapté. C’est le cas notamment à travers des projets tels que Creashop (qui permet à des porteurs de projets d’être suivis par des jurys d’experts, de faire progresser leur concept et, in fine, d’obtenir une prime à l’investissement) et Urban Retail (plateforme qui met en lien les porteurs de projets et les propriétaires de cellules commerciales) mais également Estelle Nicolay, Directrice du bureau d’études de l’Association de Management de Centre-Ville (AMCV). Leur donner les moyens de leurs ambitions à travers un cadre juridique adapté aux nouvelles attentes des entrepreneurs. De nombreux autres outils mériteraient de venir étayer ces premiers dispositifs de soutien. Les start-up ne seront un véritable outil d’avenir que si de réels mécanismes d’accompagnement sont accessibles, dès leur genèse, pour les soutenir dans leur développement, les aiguiller dans leurs choix, leur donner les moyens de leurs ambitions mais aussi, quand cela s’avère nécessaire, les arrêter avant la chute. »
Estelle Nicolay, Directrice du bureau d’études de l’Association de Management de Centre-Ville (AMCV).